Lumumba assassiné une deuxième fois ?

Publié dans Belgique

Le Parti communiste de Belgique (PCB) a appris avec indignation que les autorités belges s’apprêtent à transférer en catimini les restes funéraires de Patrice Emery Lumumba, premier chef de gouvernement du Congo indépendant et personnage emblématique de la lutte pour la décolonisation.

Selon les informations disponibles, ces restes – en l’occurrence une dent dont rien ne garantit qu’elle provienne bien de Lumumba puisqu’aucune analyse ADN n’a été réalisée – devraient être restitués par un fonctionnaire du ministère de la Justice à un « cercle restreint » le 20 juin et rapatriés au Congo deux jours plus tard. Aucune cérémonie officielle n’est prévue, du moins en Belgique, tandis que de sérieux doutes circulent sur les réelles intentions du pouvoir de Kinshasa d’assurer au héros et martyr de l’indépendance et du panafricanisme l’inhumation solennelle qui lui revient.

Tout indique que les autorités belges essaient ainsi de se dédouaner subrepticement de toute responsabilité dans la mise à mort de Patrice Lumumba et de ses compagnons en janvier 1961. Rappelons qu’un procès pour crime de guerre est en cours depuis 2011 à l’encontre des complices belges de l’assassinat de Lumumba : deux sont encore en vie, dont le vicomte Etienne Davignon, à l’époque représentant du ministre belge des Affaires étrangères à Léopoldville. Bien que la plainte ait été jugée recevable et qu’aucune prescription ne puisse être invoquée, l’enquête semble totalement embourbée, la Justice attendant vraisemblablement le décès des deux derniers accusés pour classer définitivement l’affaire.

Un rapatriement dans ces conditions des restes de Lumumba reviendrait à l’assassiner une deuxième fois. Il confirmerait la persistance d’une volonté de négation, non seulement du rôle de l’État belge dans l’assassinat de Lumumba, mais aussi de sa responsabilité pour le chaos dans lequel a été volontairement plongé le Congo à cette époque, un chaos dont le peuple congolais paie encore le prix actuellement.

Pour ces raisons, le PCB s’associe pleinement à l’appel de 18 personnalités réclamant que le rapatriement des restes de Lumumba soit précédé d’une cérémonie officielle et publique au cours de laquelle la responsabilité politique de l’Etat belge dans cet assassinat sera clairement reconnue, et assortie d’une demande d’excuses aux descendants de Lumumba et au peuple congolais.

Si tel ne devait pas être le cas, le PCB, en liaison avec la diaspora congolaise de Belgique et d’autres organisations progressistes, examinera la possibilité de contribuer à l’organisation d’une cérémonie d’hommage à une des figures majeures de la lutte anticoloniale, dont le rayonnement continue à inspirer les forces de libération à travers le monde.

Le Comité central du PCB

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