Hommage à Patrice Lumumba et au peuple congolais : Discours du Secrétaire politique

Publié dans Belgique

Mesdames, Messieurs, cher(e)s ami(e)s, cher(e)s Camarades,

Le 30 juin 2020, à l’occasion du soixantième anniversaire de l’indépendance du Congo, notre souverain exprimait ses fades « profonds regrets » à propos de la tragédie coloniale. Il s’est bien gardé d’évoquer le sabotage de l’indépendance du Congo par la Belgique, dont le premier acte fut l’assassinat de Patrice Emery Lumumba et de ses partisans Maurice Mpolo et Joseph Okito, le 17 janvier 1961 en présence de militaires belges. Il s'est bien gardé également d'évoquer la complicité des amis de son oncle Baudouin, la Société Générale et l'Union minière belge, bénéficiaires directs de ces crimes.

Ces crimes odieux allaient ouvrir la voie à la longue dictature de Mobutu, marquée par la persistance de la soumission du Congo aux intérêts du capitalisme belge et des impérialismes américain et anglais. Cette commémoration est l’occasion d’exprimer le point de vue de notre Parti et des forces de progrès sur cette page particulièrement sombre de notre histoire en rappelant la lourde responsabilité de l’état belge dans ce qui fut un véritable crime d’état.

Nous rappelons qu’il y a presque cinq mois, nous avons commémoré l’assassinat de Julien Lahaut, éminente personnalité du mouvement ouvrier, qui fut assassiné le 18 août 1950 par les mêmes commanditaires parce que, comme Lumumba, il avait commis le crime de défendre son peuple, sa classe, contre le capitalisme. Julien Lahaut était né en 1884 dans la Belgique de Léopold II, le roi bâtisseur qui méprisait le peuple qu’il qualifiait de petite gens, lesquels étaient férocement exploités en vivant littéralement pour travailler. Pour ces raisons, le Parti Communiste considère que, comme Lahaut, Patrice Lumumba est mort dans un même combat contre le capitalisme, au champ d’honneur de la lutte des classes, et non dans une « guerre des races ».

Dans l’état indépendant du Congo qui fut sa propriété personnelle de 1885 à 1908, le roi civilisateur Léopold II traitait le peuple congolais non comme de petites gens mais comme des esclaves pour exploiter les richesses abondantes du Congo au profit de sa cassette personnelle et des sociétés privées concessionnaires. Dans le bilan de cette période, il est établi que le prix de l’exploitation brutale du Congo a causé une diminution de sa population au point que certains historiens désignent cette période comme un « holocauste oublié ».

A la mort de Léopold II roi bâtisseur et civilisateur, le Congo passe d’une propriété privée au statut de colonie de l’état belge. Le statut colonial maintiendra l’exploitation de la population congolaise en la soumettant à un véritable régime d’apartheid ou le congolais est considéré comme un être inférieur, caricaturé par Hergé dans « Tintin au Congo ». C’est dans ce Congo colonial où toute velléité d’opposition est férocement réprimée par la force publique, que Patrice Lumumba voit le jour en 1925. Elève doué, il ne se satisfait pas de l’éducation rudimentaire prodiguée par les missions religieuses destinées à maintenir les congolais dans des rôles subalternes. Véritable autodidacte, il se plonge dans l’étude de l’histoire pour développer ses capacités qui lui permettront de devenir journaliste et d’acquérir sa carte d’immatriculé que l’administration coloniale réserve à 200 congolais dit « évolués » sur une population de 13 millions.

Cette ascension et ce statut privilégié, n’empêchera pas Lumumba de développer son esprit critique et une conscience politique acérée qui le mènera tout naturellement à défendre son peuple et qui scellera son destin tragique que nous commémorons aujourd’hui.

Le Parti Communiste de Belgique rappelle ses exigences légitimes de faire toute la lumière sur l’assassinat de Lumumba, de restituer ses restes à sa famille et d’aborder sans délai la question des dommages dus au peuple congolais par le pillage de ses richesses auxquelles nous devons en partie notre profusion.

Vive le souvenir et l'exemple de Patrice Lumumba !

Vive les luttes des peuples contre l'impérialisme !

Marc Denonville

Bruxelles, Square Patrice Lumumba, le 17 janvier 2021

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